Jour après jour, l’actualité vient percuter les travaux du Conseil Diocésain de Pastorale : les questions écologiques, migratoires, agricoles…
Depuis près de 4 ans le Conseil Diocésain de Pastorale réunit une vingtaine de personnes, d’horizons très variés, sur la question de l’Écologie Intégrale avec, en filigrane, cette problématique : comment habiter ensemble et prendre soin de notre Maison Commune ?
3 thèmes majeurs sont abordés successivement : la contemplation, la clameur de la terre et le cri du pauvre, et l’agriculture. Au cours de cette dernière année, nous nous consacrons au thème de l’agriculture, sujet d’actualité.
Nous avons initié notre réflexion auprès de 3 agriculteurs. Nous sommes allés à leur rencontre et nous nous sommes mis à leur écoute. Au milieu de leurs vaches, dans leurs étables ou de leurs granges, ils nous ont reçus pour nous partager la passion de leur métier, les joies qui les habitaient, mais aussi leurs questions, leurs doutes et parfois leurs difficultés.
Que retenir de ces visites ?
Sans doute, un fort besoin de reconnaissance de leur travail, dont la finalité reste la production alimentaire, mais qui également permet de modeler le paysage et participe de la vitalité des campagnes. Cette reconnaissance passe par une juste rémunération de leur travail et aussi par la nécessité de retrouver du sens à leur métier. « Quand la charge de travail est trop lourde, qu’elle est la place de l’homme ? Est-il encore maître de son travail ou en est-il esclave ? Quelle place pour la vie sociale ? ». La solitude est aussi souvent rappelée. Les questions de transmission également.
Ces questionnements nous ramènent inévitablement à nos deux années précédentes au sein du CDP.
La « contemplation », sujet de notre première année, apparaissent comme un remède ou mieux encore comme un art de vivre. Contempler, c’est être dans une attitude d’humilité. Contempler, c’est arrêter sa course pour regarder autour de soi. Contempler, c’est recevoir l’autre et le monde comme un don. Contempler, c’est « laisser venir ». Son contraire est alors « aller chercher ». Voilà deux attitudes antagonistes qui nous habitent et habitent notre monde. La contemplation nous invite à entrer dans l’accueil du don et à renoncer à accaparer la création comme un dû.
La seconde année, la « Clameur de la terre et cri du pauvre » prend une coloration toute particulière suite à ces visites et aux revendications de la profession agricole. Nous pourrions alors la traduire comme « Clameur de la terre et cri des agriculteurs », nous rappelant alors le soin à porter à l’un, à l’autre et l’inextricable destin commun de la création et de l’Homme. Tout particulièrement des agriculteurs pour qui la nature est toute à la fois le cadre de travail et le support de leur activité.
Lors de ces trois visitations, nous avons aussi été témoins de l’espérance. Les défis sont nombreux pour les agriculteurs, cependant, l’arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse. Nous avons vu chez ces agriculteurs une forêt en germination : d’un côté un modèle agricole vieillissant de l’hypermodernité, à bout de souffle et de l’autre un modèle en émergence qui réconcilient la production alimentaire, l’écologie et l’Homme.
La problématique actuelle du monde agricole rejoint les urgences de notre monde et invite chacun, qui que nous soyons, à une véritable conversion écologique et à ainsi redécouvrir l’alliance originelle de tout Homme.