Ce message vous rejoint au moment où nous commençons notre route vers Noël. Un temps d’Avent dans le contexte si particulier de l’assouplissement du confinement. Notre Lozère fut, cette fois-ci, fortement touchée par la deuxième vague de la pandémie. Tous, nous connaissons autour de nous des personnes atteintes par ce maudit virus : parents ou grands-parents, amis, voisins ou collègues de travail. Certains ont été hospitalisés, d’autres sont décédés. Quelle épreuve ! Cette crise sanitaire constitue pour nous-mêmes et notre société bardée de certitudes une expérience éprouvante et humiliante : nous sommes fragiles ! Et cette fragilité est à assumer.
Cette expérience inédite pour la moitié de notre humanité a favorisé d’édifiantes solidarités entre nous, avec les soignants, les enseignants, des personnes âgées, des proches… Elle a suscité des témoignages émouvants de considération, de décentrement et d’estime. Nous avons développé des trésors d’inventivité pour nous encourager et nous soutenir… Avouons-le, il y a eu aussi des actes de condescendance vis-à-vis, par exemple, des Italiens, des replis, des délations, des préjugés, des affrontements, de l’agressivité. Des personnes et notre société étaient parfois au bord de la crise de nerfs ! Les conséquences familiales, économiques et sociales sont devant nos yeux. Edgard Morin l’affirme : « Le confinement a été un miroir grossissant des inégalités sociales ». Pour notre vie ecclésiale, le droit doit être rétabli et la raison reconnue mais la messe ne peut être un sujet d’oppositions entre nous alors qu’elle est, par excellence, le sacrement de la communion et de la paix !
Avec le temps des quatre semaines de l’Avent 2020, nous voici donc conviés, une nouvelle fois, à nous préparer pour accueillir Celui qui vient en notre humanité : Dieu veut s’approcher de chacun de nous et pour toujours. Il désire assumer notre fragilité, la faire sienne. « La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche » dira Saint Paul aux Romains. Si notre monde semble à distance du dessein de Dieu, comment allons-nous, humblement, avec audace et joie, faire entendre l’appel à retrouver le sens du jour désormais tout proche de Noël ?
L’enjeu, pour tous, est de déconfiner nos intelligences et nos cœurs. Ce déconfinement évangélique contribuera, c’est certain, à la paix en nous et entre nous ! Mais cette attitude ne va pas de soi. Elle implique une recherche, une décision spirituelle, un engagement, un travail… Elle requiert une foi perpétuellement tenue à jour, une délicatesse fraternelle, une vigilance pour ne pas nous endormir mais rester en éveil ! Que ce temps de l’Avent soit pour nous et nos familles, notre société et nos communautés paroissiales un temps de grâce. Nous en avons tant besoin. Belle route vers Noël.
+ Benoît BERTRAND
Évêque de Mende