L’évènement historique de la Résurrection, pris dans sa matérialité est un miracle. Au regard de la foi, elle est la glorification de Jésus-Christ, fils de Dieu incarné dans notre humanité. En cela, la Résurrection est le mystère central de la foi Chrétienne. C’est en elle et par elle que le salut, la rédemption promise à toute la création déchue est accomplie.
Mais comment est-il encore possible de croire en la Résurrection aujourd’hui ? Le modernisme, avec sa perspective rationaliste, laisse-t-il place à ce mystère de notre foi ? L’espérance humaine est-elle porté par la Résurrection aujourd’hui ?
Le constat est que la vie après la mort, le sens de la vie sont des questionnements qui habitent tout homme. Et pourtant, fonder son espérance en Christ mort et ressuscité est encore loin d’être la chose la mieux partagée en ce 21ème siècle.
Nous pourrions nous interroger sur le pourquoi tant de nos frères et sœurs en humanité restent encore loin de ce mystère ?
La réponse est peut-être dans la liberté, l’accueil comme disposition intérieure mais aussi dans l’annonce explicite de la Bonne Nouvelle de la Résurrection.
D’une part, la liberté fait référence à la foi comme don gratuit de Dieu qui exige de notre part une ouverture, une disponibilité et une adhésion comme réponse personnelle.
D’autre part, accepter la grâce de la Résurrection, suppose comme pour l’eunuque éthiopien avec Philippe (Actes 8, 26-40), le concours d’un missionnaire, d’un guide, d’un catéchiste ou d’un témoin…car la foi naît de ce que l’on entend ; et ce que l’on entend, c’est la parole du Christ (Romain 10, 17).
Il est d’autant plus nécessaire et important d’annoncer, de partager et de faire goûter le salut qu’apporte la Résurrection si l’on sait la teneur et la saveur de ses fruits.
Nous voulons nous attarder sur un des fruits de la Résurrection, en particulier : la Joie parfaite et profonde. Pour cela, contemplons l’apôtre des apôtres, sainte Marie Madeleine.
En Mt 28, 7-8, il nous est dit qu’à l’annonce de la Bonne Nouvelle de la Résurrection du Christ par l’ange aux femmes, celles-ci quittèrent vite le tombeau, remplies à la fois de crainte et d’une grande joie. Si humainement la nouvelle les dépasse, nous percevons bien le don inouï de la joie qui leur est fait et qui les propulse vers leurs frères et sœurs et dans la mission.
Notre expérience a fini de nous montrer que l’expérience de la rencontre personnelle du Ressuscité procure une joie profonde que ni difficulté, ni mort ne peut ravir. Plus encore, c’est une joie qui rayonne d’elle-même, qui se fait contagieuse et devient vecteur d’un témoignage de vie et d’engagement concret au quotidien. Cette conviction n’échappe pas à Saint Thomas d’Aquin (Somme Théologique, IIa-IIae) qui affirme que la joie est la surabondance de l’amour puisque le fait d’être aimé infiniment réjouit le cœur humain. De surcroît, le salut est déjà accordé par la mort et la Résurrection du Christ qui nous libère du péché et de la mort.
– Sœur Augustine Sophie AHOUIDI, Supérieure Générale des Filles de la Résurrection de Ziguinchor, en visite à la communauté d’Aumont-Aubrac