« 50 ans, une longue histoire qui m’a parue si courte. »
J’ai été ordonné par Mgr Boudon le 23 juin 1974 dans mon village de Saint Flour de Mercoire. Cette année-là, nous avons été trois à recevoir l’ordination sacerdotale: Jean-Marie Clavel et Jean-Marie Paradan (aujourd’hui décédé) et moi-même. Mais on ne devient pas prêtre du jour au lendemain. J’avais 28 ans. J’ai participé très jeune à la vie de la ferme pour aider mes parents. Je me suis senti aimé, soutenu par eux, par, mon frère et mes sœurs…
Mais aussi, j’ai eu la chance de participer à la vie de la paroisse de mon village, et de découvrir peu à peu la foi.
Ce qui met en route à la suite du Christ, c’est le mystère de chacun ! C’est quelque chose d’in définissable, la soif d’une vie pleine, une soif d’aimer, une soif de bonheur… Cette soif profonde et insatiable, on découvre un jour qu’elle est en fait une soif d’absolu, une soif de Dieu. Et peu à peu on se sent appelé à se mettre à sa suite, à le servir, et à donner sa vie pour qu’il soit mieux connu, et que sa joie soit partagée avec tous.
Ma première expérience de prêtre s’est déroulée à la Grand-Combe. Je n’y suis resté que 3 ans. Mais ces premières années de ma vie de prêtre m’ont profondément marqué, et orienté toute la suite de mon ministère :
La vie d’équipe avec les prêtres : la fraternité, le soutien et le partage.
Ce que j’ai vécu surtout avec des enfants et des jeunes que j’ai accompagnés avec d’autres adultes laïcs, au caté, et dans les mouvements d’Action Catholique des Enfants, Mouvements d’Action Catholique des Jeunes : JOC, JICF. Cette époque enthousiasmante du travail avec des enfants, des jeunes, m’a aidé à comprendre les différents milieux, à découvrir l’importance d’accueillir et d’aller vers ceux qui sont loin, les plus pauvres…
Par la suite, j’ai pu continuer à vivre cela à la paroisse St Chély d’Apcher, ensuite à la paroisse de Mende (où j’ai pu vivre aussi des moments très forts avec les aumôneries de jeunes), et maintenant à la paroisse St Joseph de Florac, où je découvre aussi la joie de travailler et de prier ensemble à l’unité des chrétiens avec nos frères protestants.
A cours de ces 50 ans, des changements énormes sont venus bouleverser notre société.
Mutations dans le travail, dans les moyens de communication, dans les loisirs…
Les changements dans la façon de concevoir la vie familiale, etc…
Un désir de liberté et d’épanouissement individuel…ont bouleversé les façons de vivre.
Une société marquée par la sécularisation, où une distance s’est creusée de plus en plus entre la vie et la religion. Aujourd’hui la foi n’est plus une évidence pour beaucoup.
Devant ces changements : il peut y avoir deux attitudes :
- Une attitude de peur de de repli comme devant tout ce qui change. La peur est toujours mauvaise conseillère.
- Une attitude de confiance et d’ouverture : Tous ces changements ont été et sont encore des défis lancés à notre Eglise. Les chrétiens, nous n’avons pas à avoir peur de l’avenir. Nous avons une mission qui est toujours la même : accueillir, et aimer les personnes d’aujourd’hui comme elles sont, en particulier les plus faibles, méprisées, dans ce monde tel qu’il est, pour témoigner de la Bonne Nouvelle.
Aujourd’hui, en revoyant cette histoire, je me rends compte de tout ce qui m’a été donné. J’ai envie de dire merci pour toutes les personnes rencontrées, pour toutes ce bonheur reçu.
– Père René Cébélieu