Église catholique en Lozère
17 juillet 2024 |

Grand séminaire : historique

Un séminaire diocésain à Mende

par Alain Laurent, archiviste

1667 : En application des décisions du Concile de Trente (1545-1563), l’évêque Mgr Hiacinthe Serroni (1661-1676) décide la construction d’un séminaire au bas de la ville.

1677-1788 : En 1685, un incendie ravage le bâtiment. L’évêque Mgr François-Placide de Baudry de Piencourt (1677-1707) entreprend la reconstruction de l’édifice que l’on appelle alors le« grand bâtiment aux 466 portes et fenêtres». Les Pères de la Doctrine Chrétienne sont chargés de l’enseignement. Par testament, l’évêque lègue sa bibliothèque.

1789 : Nationalisation des biens du clergé. Les séminaristes se retirent dans leurs familles. Le bâtiment est occupé par les administrations mises en place au cours de la Révolution.

1793-1800 : Sous la Convention, la chapelle est utilisée pour le culte de la déesse Raison. Les autres locaux servent d’hôpital militaire. Un séminaire clandestin est créé à Saint­ Germain-du-Teil sous la responsabilité du curé Jean Bichon.

1801-1803 : Le nouvel évêque Mgr Jean-Baptiste de Chabot (1802-1805) obtient l’autorisation de créer un séminaire dans le couvent des Ursulines (!’Adoration). Un décret du Premier Consul met à la disposition de l’évêque la moitié du bâtiment du XVIIe s. l’autre partie devient le collège communal.

1804-1850 : L’enseignement des séminaristes est assuré par les prêtres du diocèse. Professeurs remarquables grâce à leurs brillantes connaissances en droit, en théologie et en philosophie, ils développent cependant des thèses proches du jansénisme et trop éloignées de l’orthodoxie romaine.

1851-1872 : En 1852, Mgr Jean-Antoine Marie Foulquier (1849-1873) demande aux Jésuites, dévoués au pape, de prendre la direction du Séminaire. Mais ils sont expulsés au mois de septembre 1880 en application des décrets du mois de mars qui frappent les congrégations religieuses. L’état du bâtiment, très insalubre, est responsable de plusieurs épidémies (1854, 1855… ) qui font de nombreuses victimes parmi les séminaristes et les professeurs.

Ce bâtiment (quartier du Mazel) est occupé par les séminaristes de 1667 à 1904.
À partir de 1802, le collège municipal s’installe dans une partie des locaux. Il les quitte en 1911 pour aller s’établir au Petit séminaire (futur lycée Chaptal). L’école primaire supérieure de filles prend la place du grand séminaire tandis que l’école pratique emménage dans la partie abandonnée par le collège.

Les interventions de l’évêque auprès de l’État pour obtenir l’autorisation d’entreprendre une nouvelle construction demeurent vaines. Les événements de 1870-1871 annulent tout projet.

1873-1889 : Pendant cette période les  épidémies  (typhoïde,  variole) deviennent fréquentes (1875, 1887, 1888). Les séminaristes sont au nombre de 170. 71 d’entre eux sont gravement atteints par la contagion en 1890. Pour remplacer les Jésuites, l’évêque fait appel à des prêtres choisis parmi les missiom1aires diocésains. L’abbé Charles de Ligonnès, docteur en théologie, devient en 1881 le Supérieur du séminaire.

1890-1906   Grâce à l’aide financière du Père de Ligonnès l’enclos Vachin situé près de la maison des missionnaires diocésains est acheté en vue de la construction du nouveau séminaire. Les travaux se déroulent de 1898 à 1902. L’ancien bâtiment est récupéré en totalité par l’État. En application de la loi de Séparation  des Églises et de l’État (9 décembre 1905), les mesures prescrivant l’inventaire provoquent des conflits violents : 8 février 1906, crochetage de la p011e d’entrée.

1907-1967 : L’établissement ferme  en  1967,  faute  de  vocations,  puis  est  occupé  par  un lycée professionnel jusqu’en 2001. Le 10 août  1976,  un  incendie  détruit l’ancien bâtiment, maintenant occupé par un immeuble-parking« Le Mazel».

Une nouvelle construction pour le grand séminaire

Extrait d’archives diocésaines menées par les pères Alfred Fages et
Baptiste Laurent, d’après les écrits de l’abbé Gaston Auriac

« Nous voici arrivés à l’épiscopat de Monseigneur Baptifolier. L’affaire du Grand séminaire reprend avec une vigueur nouvelle, mais c’est pour aboutir cette fois à une bonne conclusion. Monseigneur Baptifolier avait le zèle de la Maison de Dieu. Que de belles églises et chapelles bâties avec son encouragement et sa bénédiction. Auprès de lui était un prêtre éminent par l’ensemble de ses connaissances. M. l’Abbé Laurans, devenu évêque de Cahors, traça le plan du nouveau séminaire. Un grand pas était fait. Mais qu’il y a loin du plan à la réalisation…

Le séminaire avait alors à sa tête un saint, Monseigneur de Ligonnès, dont le nom sera à jamais entouré de vénération et de reconnaissance. C’est lui qui par son dévouement inlassable, l’heureuse autorité attachée à son nom, et l’inimitable influence de sainteté a réuni et dépensé les 600 000 francs qu’a coût le grand séminaire.

Le 17 août 1898, Monseigneur Baptifolier, entouré de tous ses prêtres réunis à Mende à l’occasion de la retraite sacerdotale posait la première pierre de l’établissement.façon définitive.

Trois ans après, en octobre 1901, les élèves de théologie prenaient possession du nouveau grand séminaire, malgré les inconvénients d’une maison encore inachevée. Deux ans plus tard, le séminaire tout entier y était installé d’une

Après 1901

Quant à l’ancien Grand Séminaire, à la maison bâtie par les de Serroni et les de Piencourt force fut d’en faire la cession à l’État qui s’est empressé de la mettre à la disposition d’une école professionnelle. « 

Autres étapes

En 1905, en raison de la loi de séparation de l’Église et de l’État, ce dernier entend prendre les bâtiments, comme ceux du petit séminaire, et les forces de l’ordre vont crocheter la porte d’entrée. La plaque commémorative de cette infraction a été retrouvée durant les travaux. Devant le tribunal, l’Église parvient à prouver que la construction a été financée par la fortune personnelle de l’abbé Dupont de Ligonnès et des dons.

Lors de la première guerre mondiale, il servira d’hôpital.

Le séminaire fonctionne ensuite jusqu’en 1967 puis devient lycée professionnel Plaisance jusqu’en 2001.

Les locaux sont ensuite réinvestis par le diocèse afin d’en faire la maison diocésaine et d’y rassembler les services pastoraux et administratifs.

En 2013, afin de se mettre en conformité avec la règlementation qui incombe aux établissements recevant du public, le diocèse engage des travaux de mises aux normes et de rénovation. Afin de réduire les coûts exorbitants de ces travaux, seule une partie du grand bâtiment est concernée.

Mais le résultat est une réussite. Un bel équilibre est trouvé entre « les vieilles pierres » et les aménagements effectués. Les bureaux sont regroupés sur deux étages avec la création de salles de réunions, d’espaces de convivialité et l’agrandissement de la librairie catholique. 

Ces travaux, achevés en 2015, ont participé à faire de ce bâtiment classé « monument remarquable » une maison ouverte à tous.

Le nouveau projet global est à découvrir ici !