Mais où est donc passé le CDP ?
Chut, il contemple et s’émerveille…
Est-il bien nécessaire et utile d’envoyer une vingtaine de personnes au diocèse pour contempler les paysages du Méjean, la nature à travers l’œil d’un photographe, ou un thérapeute prendre soin de l’homme ? Et si cela était prophétique !
Contempler, c’est être dans une attitude d’humilité. Contempler, c’est arrêter sa course pour regarder autour de soi. Contempler, c’est recevoir l’autre et le monde comme un don. Contempler, c’est « laisser venir ». Son contraire est alors « aller chercher ». Voilà deux attitudes antagonistes qui nous habitent et habitent notre monde. La contemplation nous invite à entrer dans l’accueil du don et à renoncer à accaparer la création comme un dû. Contempler, c’est finalement reconnaitre que le royaume de Dieu est déjà parmi nous. Heureux ceux qui s’émerveillent, le royaume des cieux est à eux.
Cette attitude est naturelle chez les jeunes enfants qui savent s’émerveiller de toutes choses. Elle s’estompe souvent avec l’âge et revient chez certaines personnes âgées qui retrouvent cet émerveillement. La contemplation est-elle donc dans la nature de l’Homme ?
Dans les récits de la Genèse, l’Homme est dit créé à l’image de Dieu. Quel est donc ce Dieu dont l’Homme est l’image. Nous relevons ici, deux traits de caractère.
Le premier est la capacité d’émerveillement et la contemplation. Chaque jour, Dieu créateur termine sa journée par l’exclamation « comme cela est bon ! ». Être image de Dieu, c’est alors être capable de reconnaitre le beau et de s’en réjouir. A son image, chaque jour, réjouissons-nous et exclamons-nous « comme cela est beau ! ». Soyons les ravis de Dieu.
Le deuxième trait de caractère est la capacité de Dieu à maitriser sa force créatrice. Le contraire de la contemplation est assurément l’activisme. Dieu créateur, le 7ieme jour, laisse son ouvrage inachevé. Il se repose et laisse le soin à l’Homme de poursuivre sa création. « Dieu fait le monde comme la mer fait les continents : en se retirant » et la confiance qu’il accorde à l’homme est fondatrice de notre foi. Sa capacité à s’arrêter est inexorablement liée à la confiance qu’il accorde à l’Homme. Voilà, la toute-puissance de Dieu : maîtriser sa force créatrice, être capable de s’arrêter ! Dans notre monde marqué par l’hypermodernité, par le toujours plus, où le temps s’accélère, l’espace se réduit, comment ne pas être interpellé par ce caractère de Dieu. Sommes-nous maîtres de notre ouvrage ou en sommes-nous esclaves ? Sachons nous arrêter et faire confiance à l’Homme pour poursuivre l’œuvre créatrice de Dieu. Si Dieu lui-même a foi en l’Homme, pourrions-nous manquer de confiance ?
Dès l’origine, l’homme est créé à l’image de Dieu. Il devient lui-même et se réalise pleinement qu’en tendant inlassablement vers Dieu. Il est créé capable de contempler, capable de s’émerveiller, capable de maitriser sa puissance créative, capable de confiance en l’autre, en l’avenir, en Dieu. Il devient alors le reflet de Dieu.
Alors Frère et Sœurs, « ne nous conformons pas au monde présent », prenons le temps de nous émerveiller, de contempler et de nous arrêter. Soyons fidèles à nos origines ! Soyons image de Dieu ! Soyons prophétiques !
Étienne ROCHETEAU
Secrétaire du CDP