Le Secours Catholique a dévoilé le 14 novembre son rapport annuel sur l’état de la pauvreté en France. Pour son rapport 2024, au-delà des contours d’une pauvreté multiple et complexe, qui caractérise l’exclusion d’aujourd’hui, l’association alerte sur la dégradation du niveau de vie des plus pauvres et la difficulté à accéder à la protection sociale face à la dématérialisation des démarches administratives.
Dans le département de Lozère, le Secours Catholique agit grâce à un réseau de 200 bénévoles qui accompagnent près de 250 personnes en difficulté. Ces rencontres ont contribué à la construction de ce rapport.
Quelques chiffres alarmants :
- Les femmes sont les premières victimes de la pauvreté et représentent 57% des personnes rencontrées au niveau national, 1 femme sur 4 est une mère isolée.
- En Lozère, ce sont les hommes seuls qui sont majoritairement accueillis par des bénévoles du Secours Catholique, représentant 44% des personnes rencontrées.
- 45 % des personnes accueillies en Lozère sont sans ressource
- Un revenu médian de seulement 555 €/mois pour les plus pauvres. 95% des ménages rencontrés ont un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté (1275€), 81% sont même en situation d’extrême pauvreté
L’accès aux prestations sociales devient un véritable parcours du combattant. La dématérialisation des démarches, le durcissement des critères d’éligibilité et la complexité des processus d’accès aux droits accentuent l’exclusion. En conséquence, le non-recours aux prestations sociales a atteint 36 % pour le RSA, une hausse de 10 points par rapport à 2010. Cette situation résulte d’un éloignement croissant de l’administration, qui n’offre plus suffisamment de soutien aux personnes vulnérables.
La protection sociale doit permettre aux individus de faire face à un large spectre d’événements de la vie, appelés risques sociaux. Parmi les ménages rencontrés par le Secours Catholique en 2023, 60% évoquent ces accidents de la vie (séparation, déménagement, maladie, perte d’emploi …) pour décrire les circonstances de leur venue.
Les prestations sociales destinées à couvrir le risque pauvreté-exclusion sociale (RSA, prime d’activité et autres minima sociaux) représentent moins de 4% des dépenses de protection sociale, loin derrière les prestations sociales couvrant les risques liés à la vieillesse (44%) et à la santé (37%). Elles baissent d’année en année.
L’aide alimentaire et vestimentaire comme premier besoin exprimé, hausse des demandes d’aide aux démarches administratives.
L’aide alimentaire et vestimentaire représentent un quart chacune des demandes des personnes accueillies par les bénévoles de Lozère. Au niveau national, le besoin d’aide aux démarches administratives augmente de 7 points en dix ans, exprimé par 13% des ménages rencontrés en 2023.
Le parcours administratif, désormais entièrement dématérialisé, représente une série d’obstacles pour les personnes isolées et en difficulté. La perte du lien de proximité avec les services publics et la complexité des démarches empêchent de nombreux citoyens d’accéder aux aides dont ils ont pourtant besoin.