NOTRE-DAME DU SUFFRAGE
L’Association de Notre-Dame du Suffrage a été créée par Monsieur l’Abbé Firmin SERRE, Aumônier de l’Hôtel-Dieu de Nîmes, et érigée le 1er novembre 1857 par Monseigneur PLANTIER, évêque de Nîmes.
L’Œuvre de Notre-Dame du Suffrage a pour but de favoriser le développement de la foi et de l’espérance chrétienne au moyen de la catéchèse sur les fins dernières à la lumière du mystère de la résurrection du Christ, sur la communion des saints et la signification de la prière pour les défunts.
Depuis le XII° siècle, le lendemain de la fête de la Toussaint, le deux novembre, l’Eglise prie pour ceux et celles qui sont passés de la vie en ce monde, à la vie sans fin, dans le Royaume de Dieu.
Chrétiens, nous prions avec l’espérance de les rejoindre un jour dans la joie et le bonheur du ciel.
Mais la prière d’intercession pour les défunts est beaucoup plus ancienne. Au IV° siècle, Saint Cyrille de Jérusalem la mentionne déjà intégrée à la célébration de la messe. Et si nous remontons plus loin encore dans le temps, vers 160 avant Jésus-Christ, nous lisons au 2° livre des Martyrs d’Israël, dans l’Ancien Testament, chapitre 12, versets 43 à 46 : « Judas, Chef d’Israël, ayant fait une collecte envoya deux mille pièces d’argent à Jérusalem afin d’offrir un sacrifice pour le péché. C’était un geste tout à fait noble et beau inspiré par la pensée de la résurrection. Car s’il n’avait pas espéré que les soldats qui étaient morts au combat ressusciteraient, la prière pour les morts était superflue et absurde. Mais il jugeait qu’une très belle récompense est réservée à ceux qui meurent dans la foi : c’était là une pensée religieuse et sainte. Voilà pourquoi il fit faire ce sacrifice d’expiation, afin que les morts soient délivrés de leurs péchés ».
L’Eglise nous invite donc à vivre et prier dans l’espérance de la vie après la mort, parce que nous croyons que ceux qui sont morts vivent désormais ressuscités. Notre foi en la vie éternelle s’appuie sur les paroles de Jésus, la veille de sa mort, s’adressant à Dieu : « Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi ». Puis s’adressant aux apôtres il disait : « Je m’en vais vous préparer une place, et là où je suis, vous y serez aussi ». Et le lendemain sur la croix il déclarait au bon larron : « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis ».
Toutes ces paroles particulièrement fortes et réconfortantes, disent que ceux qui meurent dans le Christ vivront avec lui.
Mais comment vivront-ils ? Avec quel corps ?
Il nous est impossible d’imaginer quelles seront les modalités de notre vie avec Jésus ressuscité après notre mort. Car nous n’avons pour seule expérience de la vie que celle d’aujourd’hui.
C’est pourquoi nous éprouvons de la crainte à quitter ce monde que nous connaissons pour un monde inconnu. Toutefois nous savons que Jésus a déclaré à Marthe et Marie, les sœurs de Lazare qui était mort : « Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt vivra ; et tout homme qui vit et croit en moi ne mourra jamais ». Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, qui avait bien compris le sens de cette déclaration, disait à ses sœurs carmélites qui l’assistaient lors de son agonie : « Ne soyez pas tristes, je ne meurs pas, j’entre dans la vie ». Ce qui signifie entrer dans la vie définitive avec Dieu, et que nous appelons la vie éternelle, puisqu’il s’agit de la vie pour toujours.
Mais une autre question nous inquiète : Que devient le corps ?
Lorsque nous disons : « Je crois à la résurrection de la chair », cela nous fait penser que nous ressusciterons corps et âme. Saint Paul parle de l’homme intérieur qui se renouvelle dans le Christ, alors que l’homme extérieur se détruit. Ainsi peut-être faut-il entendre la chair, le corps, au sens de cette continuité entre notre vécu sur la terre et ce que nous vivrons au ciel. Car on ne peut pas séparer ce que nous aurons vécu sur la terre de ce que nous vivrons dans la maison de notre Père aux cieux. Comme s’il s’agissait de deux vies sans aucun liens et complètement indépendantes. Or « la vie éternelle, qui germera pleinement dans l’avenir, nous est déjà donnée » écrivait le cardinal Carlo Maria Martini dans son livre : « Je crois à la vie éternelle ».
Deux préfaces nous éclairent : la sixième préface pour la messe des Dimanches du temps ordinaire dit : « Dans cette existence de chaque jour que nous recevons de ta grâce, Seigneur, la vie éternelle est déjà commencée ».
Et la première préface pour la messe des défunts : « Pour tous ceux qui croient en toi, Seigneur, la vie n’est pas détruite, elle est transformée ; et lorsque prend fin leur séjour sur la terre ils ont déjà une demeure éternelle dans les cieux ».
« C’est un grand réconfort de comprendre que notre existence est un processus de transfiguration pour que nous devenions de plus en plus conformes à l’image du Fils de Dieu. » (C.M. Martini)
Mais tout cela étant dit, notre curiosité demeure encore insatisfaite, car une part mystérieuse persiste toujours. Cependant faisons confiance au Christ ressuscité : « Là où je suis, vous y serez aussi » dit-il (St Jean 14,3).
Alors écartons de notre imagination les questions de temps, de lieux et d’espace qui nous dépassent. Prier pour nos frères et sœurs défunts, c’est les rejoindre là où ils sont, au-delà du temps, des lieux et de l’espace. Sûrs que notre prière fraternelle nous fait entrer en communion avec eux dans l’espérance du jour où Dieu nous réunira avec tous les Saints dans la joie de son royaume.
– Père Bernard Fougères
Modérateur de l’Œuvre du Suffrage