Changer de regard sur la personne en situation de handicap – « Dieu se moque des apparences »
De manière générale, le terme handicap désigne l’incapacité d’une personne à vivre et à agir dans son environnement en raison de déficiences physiques, mentales, ou sensorielles. Il se traduit la plupart du temps par des difficultés de déplacement, d’expression ou de compréhension chez la personne atteinte. Cette définition du handicap reste très générale.
Handicap vient d’un terme « Hand in Cap » ce qui peut se traduire littéralement : la main dans le chapeau, en référence à un jeu pratiqué au XVIème siècle en Grande Bretagne. Ce jeu consistait à échanger des biens à l’aveugle dont la valeur est contrôlée par un arbitre qui assure l’égalité des chances entre les joueurs. Par la suite, toujours en Angleterre, ce mot est appliqué au monde de l’hippisme pour désigner la volonté d’imposer des difficultés supplémentaires aux meilleurs jockeys afin de rétablir l’équilibre et l’égalité des chances entre les concurrents.
Notez l’ironie de la source de ce mot qui assurait à tous l’égalité des chances dans un jeu et une discipline sportive. Si on peut en sourire, cela n’est malheureusement pas le cas des nombreux handicapés qui se trouvent bien souvent en position délicate lors de déplacements lorsqu’ils sont contraints à utiliser un fauteuil roulant.
« Jésus renverse les priorités. Pour lui, ce qui est premier, c’est la personne à aimer, à sauver, à relever, à consoler… Il voit toujours la personne avant son handicap. »
Comment le vivre aujourd’hui ? Comme le Samaritain est remué dans ses entrailles en voyant l’homme blessé, « laissons-nous bouleverser et entendons les cris, parfois silencieux, de ceux qui sont mis de côté. Je pense aussi aux parents d’enfants handicapés, confrontés aux regards qui les mettent à l’écart. Leur cri doit nous mettre en mouvement ». (Christian Maheas)
On entend dire qu’il faut donner une place aux personnes en situation de handicap. En réalité, il s’agit d’enlever les obstacles, comme le Christ le fait dans les Évangiles, pour que la personne prenne la place que Dieu lui a déjà donnée. C’est exactement le mouvement de l’inclusion. Il s’agit de voir d’abord les capacités de la personne, au lieu de voir ses manques, et de chercher comment la société peut s’organiser pour que cette personne puisse vivre avec ses capacités dans un contexte donné. C’est un renversement important. Dans les Évangiles, ce changement de regard et toute libération sont même des signes du royaume de Dieu à venir et déjà là.
Incroyable alors qu’elle souffre toute la journée dans son corps tordu, ou qu’elle n’a pas accès à la parole, aux gestes, à « l’intelligence »…, la personne en situation de handicap vit en général sa foi d’une façon très simple. Dieu se moque des apparences. Et la beauté, l’intériorité de la foi de la personne handicapée reflète une image d’amour que Dieu nous porte. Cette vie spirituelle, si belle, si profonde, ne se voit peut-être pas, mais elle est bien présente. Et beaucoup d’aumôniers en pastorale des personnes handicapées peuvent en témoigner.
La personne n’a peut-être pas de mots savants pour exprimer sa foi. Mais un grand sourire qui illumine son visage lorsqu’on lui parle de Jésus, de Marie, est un témoignage éloquent. « C’est mon ami, c’est mon ami. J’aime Jésus, j’aime bien prier. C’est le soleil de mon cœur. »
La personne en situation de handicap vit sa foi et l’Evangile au quotidien même si elle semble ne pas le savoir.
« Les personnes handicapées n’ont pas seulement besoin de nous ; elles peuvent être nos maîtres car elles ont acquis, à force de combat, une richesse. Il faut descendre de notre piédestal, pour découvrir que Dieu reconnaît en chacun une personne infiniment digne. » (Christian Maheas)