Église catholique en Lozère
25 décembre 2024 |

Béatification de 2 prêtres lozériens

En novembre 2021, Le Pape François a signé le décret reconnaissant comme bienheureux les Pères Ladislas Radigue, Polycarpe Tuffier, Marcellin Rouchouze, Frézal Tardieu. Ces quatre frères des Sacrés Coeurs de Jésus et de Marie ont été fusillés le 26 mai 1871, lors des événements de la Commune de Paris.
Parmi ces quatre prêtres, deux sont lozériens, le Père Polycarpe Tuffier et le Père Frézal. Ils seront béatifiés, le samedi 22 avril prochain en l’église Saint-Sulpice à Paris.

Portrait du père polycarpe tuffier

Polycarpe Tuffier nait au Malzieu (Lozère), le 14 mars 1807.

Fils de Jean-Paul Tuffier et de Suzanne Martin, il est baptisé sous le prénom Jules. Sa mère le plaça tout petit au collège de l’Adoration que tenaient à Mende les Pères des Sacrés-Cœurs, sous la main du prêtre Régis Rouchouze. L’enfant n’avait encore que douze ans lorsqu’un jour, au milieu d’une récréation, il entendit cette parole retentir à son oreille : « Monsieur Jules Tuffier, passez au noviciat. ». Arrivé à Paris, le 3 mai 1820, le jeune Tuffier y fit ses vœux, sous le nom de Polycarpe, le 14 mai 1823. Le père Tuffier venait d’être ordonné prêtre, lorsque la révolution de 1830 éclata.

Entre 1831 et 1858, il fût envoyé en périphérie de Rouen, à Notre-Dame de Paix, à Yvetot comme aumônier des sourds puis comme supérieur du collège des Petits-Carmes de 1847 à 1858 à Cahors. C’est à lui en grande partie que cet établissement est redevable de la prospérité dont il jouit. C’est lui qui en a fait construire la chapelle. En 1850, il profita de la loi favorable à la liberté d’enseignement pour organiser les cours de latin, de grec et de sciences. En 1856 il recueillit les prémices de ses efforts, en voyant plusieurs de ses élèves reçus honorablement à Toulouse au grade de bachelier ès lettres.

Cette affection des élèves des Petits-Carmes pour leur bon supérieur s’est surtout manifestée à sa mort : « Quand la nouvelle se répandit dans cette ville, nous écrit-on de Cahors, que les fédérés de la Commune de Paris l’avaient fusillé sur les hauteurs de Belleville, les amis qu’il avait laissés ici, ses anciens élèves, aujourd’hui prêtres, magistrats, fonctionnaires publics, montrèrent, par leur empressement à exprimer leurs condoléances sympathiques à son successeur, combien son souvenir, après onze ans d’absence, était encore vivace dans tous les cœurs. »

De Cahors, le père Tuffier alla à Mende puis à Laval en 1862. L’année suivante le chapitre général l’éleva à la place de Procureur de la maison principale, place qu’il a occupée jusqu’à sa mort, le 26 mai 1871.

Dans sa prison il a su gagner, sans recherche et sans apprêts, l’estime et l’affection de plus d’un compagnon de sa captivité. « Le premier otage que j’ai salué à la Roquette, le mardi matin, a été votre vénérable cousin, écrit M. Perny à M. l’abbé Hermet, curé de Villereau (Loiret) ; sa cellule se trouvait en face de la mienne. Avant même qu’on ouvrît nos cellules, je l’avais aperçu à travers le vasistas de la porte. Sa figure radieuse, expansive, épanouie, m’attira à lui de prime abord. »

Extrait d’une lettre de Polycarpe Tuffier, sans adresse : « Plus d’illusions possibles à moins d’un miracle nous devons nous attendre aux derniers excès. Mon Dieu je n’ai jamais osé demander la grâce d’une telle mort… Mais à Paris ! Pauvre France, si fière de ses progrès ! Custos, quid de nocte ? Il a répondu Oh ! si notre sang était assez pur pour procurer la paix à la France, le triomphe à l’Église ! J’espère en l’immense bonté de Notre Seigneur et en la protection de Marie. Le Purgatoire me fait peur, mais je puis compter sur les Saints Sacrifices de nos Pères et les bonnes prières de nos Soeurs. Que ceux qui ont eu à souffrir de mes brusqueries veuillent bien me pardonner, ils savent que mon coeur n’y était pour rien. Quant à mes ennemis, je n’en ai pas. Mende ! Cahors ! Laval ! Picpus ! Adieu ici-bas. Au revoir là-haut ! »

Source : https://www.notredamedesotages.fr/2021/05/22/petites-vies-des-pretres-otages-de-picpus/

portrait du père frézal tardieu

Frézal Tardieu nait à Chasserades (Lozère), le 18 novembre 1814.

Nous connaissons peu de choses des premières années du père Frézal Tardieu. Il était compatriote du père Tuffier car il naquit à Chasseradez (Lozère). Il reçut au baptême les noms de Jean-Pierre – Eugène.

Il fut reçu novice à Paris le 2 juin 1837 et fit ses vœux le 24 avril 1839. Dès le mois d’octobre de l’année suivante, il fut envoyé comme directeur au noviciat de Vaugirard, et de là à celui de Louvain, le 3 novembre 1843. Il fut ensuite nommé supérieur de ce même noviciat, le 6 mai 1845. Rappelé à Paris en 1858, il alla comme Directeur au noviciat d’Issy-les-Moulineaux. En 1860, il entra dans le conseil du Supérieur général.

Comme professeur le père Frézal savait se faire aimer de ses élèves, au milieu desquels il aimait à se trouver dans les récréations. Le père Tardieu avait un cœur très sensible et très compatissant ; il était à Louvain le consolateur des affligés, de ceux surtout qui avaient à déplorer la perte d’un père, d’une mère, d’un époux, d’un enfant.

Le père Tardieu s’était fait comme mission d’aller porter les consolations de la foi dans ces familles éplorées, celles même où jusque-là il était inconnu. Mais c’était surtout pour les enfants et pour les pauvres que ce cœur de prêtre était compatissant. Aussi avait-il coutume de dire qu’il valait mieux parler à Dieu que de parler de Dieu. Son humilité était profonde ; il aimait à rester caché. Il parlait fort peu, et à l’entendre on l’eût cru incapable de tout. Cependant au saint tribunal il faisait preuve d’une expérience consommée. Ses exhortations peuvent se résumer en ces deux mots : force et suavité.

Il est arrêté le 12 avril 1871 et donne sa vie à Dieu le 26 mai rue Haxo.

Source : https://www.notredamedesotages.fr/2021/05/22/petites-vies-des-pretres-otages-de-picpus/

L'invitation à la béatification

REVUE DIOCÉSAINE DE PARIS, Paris Notre dame, 23 mars 2023