Église catholique en Lozère
27 décembre 2024 |

Les orientations de la Pastorale de la Santé

Vendredi 14 octobre 2022 à Aumont s’est déroulée la récollection de la Pastorale de la Santé, en présence de Mgr Bertrand, qui a promulgué les orientations, que voici :

« J’étais malade et vous m’avez visité » (Mt 25, 36)

 

Cette parole de Jésus est une invitation claire à visiter, au nom de l’Église, les personnes âgées, malades ou handicapées, qu’elles soient à domicile, en maison de retraite, en maison d’accueil spécialisée ou à l’hôpital. Par une présence attentive, un dialogue dans la foi, une prière commune nourrie de la Parole de Dieu, une préparation pour recevoir le sacrement de l’Eucharistie ou de l’Onction de malades, les personnes engagées dans le Service Évangélique des Malades (SEM), la Pastorale des Personnes Handicapées (PPH) ou en Aumônerie d’Hôpital (AH) répondent à cet appel du Christ. Je n’oublie pas celles et ceux qui sont impliqués, avec tant de dévouement, à l’Hospitalité Saint Privat, Lourdes Cancer Espérance, la Fraternité chrétienne des personnes malades et handicapées, Voir ensemble. Je souhaite, ici, exprimer à tous, au nom de l’Église, ma profonde communion et ma reconnaissance fraternelle.
Les Orientations pastorales suivantes veulent accompagner la mission des laïcs et des consacrés, des diacres et des prêtres engagés dans la Pastorale de la santé en Lozère. Elles pourront aussi aider les personnes malades, leurs familles et les membres du personnel soignant à découvrir le visage du Christ souffrant et compatissant.

1-Une mission de consolation

« Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu » (Is 40,1). C’est par cette belle invitation que débute le Livre de la consolation d’Israël ! Ainsi, en allant à la rencontre des personnes fragilisées dans leur corps ou leur psychologie, souffrantes, malades, âgées, isolées et/ou handicapées, nous privilégions l’attention à la personne. Par la compétence d’écoutant et le refus de l’isolement, par la qualité de nos relations, nous voulons prendre soin. Visiter et se présenter, se faire proche, prendre le temps d’écouter jusqu’au bout, rompre la solitude, faire silence et prier si cela est possible, c’est vivre, au nom du Christ compatissant, un authentique service de la présence et de la consolation.

2-Une mission en équipe et un travail de relecture

Pour être vécue correctement, cette mission délicate demande de n’être jamais seul. Une vie d’équipe est donc nécessaire. L’équipe est le lieu du soutien réciproque et de la vérité des relations. En équipe, nous partageons les informations, nous transmettons l’une ou l’autre consigne ou point d’attention.
C’est bien en équipe que nous sommes invités à relire, dans la discrétion requise, avec le regard des autres et l’écoute de l’Évangile, nos visites et nos rencontres. Cette relecture pastorale et spirituelle fait partie de la mission reçue. Elle est un moyen au service d’une écoute plus attentive et d’un accompagne-ment qui procède avec tact. Si l’équipe d’aumônerie est le lieu de l’envoi en mission par l’Église auprès des personnes malades et âgées, elle est aussi le lieu du retour où l’on « rapporte » ce qui s’est passé, tels les disciples de Jésus revenant de la mission dans les villages où il les a envoyés. Cette relecture est appelée à se vivre au moins deux fois par an. Un ministre ordonné accompagne ce moment essentiel de la vie de l’aumônerie.
L’équipe est donc un point d’appui majeur. Elle est ainsi un lieu de convivialité, de petite fraternité, un carrefour pour être aussi en lien avec d’autres équipes.

3-La mission, un appel et un envoi

La mission pastorale s’appuie sur un envoi en mission de la part de l’évêque ou du curé, afin de manifester la sollicitude de l’Église pour tous ceux qui traversent l’épreuve de la maladie, du handicap et du grand âge. Cette mission de service veut aussi rejoindre les familles éprouvées et les proches des malades, les personnels soignants et administratifs. Tous, nous sommes complémentaires dans l’accompagnement. Des Lettres de mission avec mandat sont remises aux divers responsables dans un cadre liturgique ; elles signifient l’appel de l’Église et l’envoi.
La mission en aumônerie de santé est une réponse, libre et consciente, à l’appel de Dieu. Cette mission est belle, exigeante et délicate. Comment, avec tout le discernement requis, dans les paroisses, les communautés locales et les divers réseaux ecclésiaux, se faire davantage appelant pour que des personnes bénévoles acceptent de s’engager ? Les attentes sont immenses. La joie de servir, en se faisant proche des personnes fragilisées dans leur santé, est au rendez-vous.

4-La mission avec une formation et un ressourcement spirituel

La formation est une nécessité pour celles et ceux qui s’engagent dans la Pastorale de la santé ; elle apporte, en particulier aux nouveaux responsables d’aumônerie (laïcs et religieux), des compétences pour accompagner les personnes malades et les résidents, en lien avec les professionnels de santé et en fidélité avec la mission ecclésiale. Les sujets à aborder ne manquent pas : formation à l’écoute et à l’accompagnement, les questions anthropologiques, la vieillesse comme défi sociétal, la tentation de l’euthanasie et les soins en fin de vie, la connaissance des lois liées à la laïcité française… Le diocèse proposera chaque année des temps de formation pour que chacun puisse être à la fois missionné et formé.
Par ailleurs, les personnes engagées pourront bénéficier de temps de récollection et de ressourcement spirituel adaptés à la mission confiée. La foi évangélique a besoin d’être nourrie. La dynamique spirituelle chrétienne est toujours un défi devant les questions existentielles portées par les personnes rencontrées. On in-citera les responsables à être accompagnés spirituellement.

5-La mission au service des personnes en fin de vie

Nous ne prétendons pas remplacer les familles au chevet d’un malade en fin de vie, mais les familles peuvent faire appel aux personnes engagées dans la pastorale de la santé. Il s’agit de respecter l’homme proche de sa mort. Les besoins spirituels et religieux sont souvent exprimés : « Même si en nous l’homme extérieur va vers sa ruine, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour » (2 Co 4,16). Dans cette dernière étape, il importe de donner sens à sa vie. Avec les fa-milles, nous voulons apaiser, accompagner et prier : « Que ton amour, Seigneur, soit sur nous comme notre espoir est en toi ! » (Ps 32). L’Église propose de célébrer le sacrement des malades, de donner le viatique ou de faire cette belle prière à Dieu de recommandation des mourants. Ce moment est des plus importants pour préparer un frère ou une sœur dans la célébration de sa dernière Pâques.

6-Une mission avec des mutations

Les mondes du sanitaire et du médico-social connaissent aujourd’hui des mutations qui bousculeront nos habitudes pastorales. Depuis 2001, les aumôneries des maisons de retraite font partie de l’AH (Aumônerie Hospitalière). Il convient de les réintégrer dans le SEM (Service Évangélique des Malades) car elles relèvent en fait de ce service. Les aumôneries d’établissements de santé doivent, désormais, intégrer le développement du parcours de santé et de l’ambulatoire.
La mission du SEM consiste désormais à visiter les personnes à domicile et celles vivant dans les maisons de retraite. Ce service aura, prochainement, à se faire proche des personnes en HAD (hospitalisation à domicile).

7-La mission dans le cadre de conventions

Le plus fréquemment, les relations entre les directions des établissements et les responsables de la pastorale de la santé sont, dans notre département, à la fois harmonieuses et respectueuses. Les principes liés à la laïcité doivent être respectés. La loi sur la santé prévoit que la personne malade, hospitalisée ou résidente, a droit – en tout temps – au respect de ses croyances/convictions et donc aux visites de l’aumônier de l’institution de santé ainsi qu’à celles de son conseiller spi-rituel extérieur. Il est nécessaire que des conventions de partenariat, ayant pour objectif d’établir le cadre de l’activité des aumôniers, soient signées entre les partenaires partout où cela est possible. Celles-ci précisent : les personnes engagées à l’aumônerie, les lieux, les temps, les activités, les modalités d’interventions, les financements… Il est bon également de présenter un bref rapport annuel d’activité à la direction de l’établissement. Il est encore nécessaire de rap-peler l’exigence de la discrétion absolue sur ce que nous apprenons dans le cadre de nos visites.

Le Seigneur nous engage à marcher à sa suite. Il est avec nous tous les jours. Qu’il bénisse notre proximité et notre témoignage – en son Nom – auprès de nos frères et sœurs malades, handicapés, enfants, jeunes ou adultes. Par l’intercession de Saint Luc, dont le nom en latin et en grec évoque la lumière, nous confions au Christ ces Orientations pour la Pastorale de la santé avec leur poids de com-passion et d’éternité.

 

                                                                   + Benoît BERTRAND
                                                                    Évêque de Mende