Église catholique en Lozère
26 décembre 2024 |

Terres d’Espérance : tant à partager !

Le rassemblement Terres d’Espérance, rencontre nationale pour les diocèses ruraux de France, s’est déroulé du 22 au 24 avril 2022 à Châteauneuf-de-Galaure.

Cet évènement donne l’occasion aux participants de réfléchir ensemble aux questions auxquelles les chrétiens sont confrontés aujourd’hui, et notamment dans le contexte bouleversé de ces temps-ci : crise sanitaire, économique, écologique, humaine… et comment proposer la lumière de l’espérance chrétienne ?

Témoignage des membres de la délégation lozérienne

Le témoignage de Mary

Les 22, 23 et 24 avril se tenait à Châteauneuf-de-Galaure, le rassemblement « Terres d’Espérance » voulu par une quarantaine d’évêques qui désiraient se faire rencontrer les acteurs pastoraux, différents mouvements et services -tous engagés dans le monde rural- pour un temps à la fois fraternel, spirituel, un temps de partage et de réflexion.

Accompagnés de Monseigneur Benoît Bertrand, ce sont 5 diocésains (Mary, Mireille, Philippe, Sylvette, Sylviane) qui se sont retrouvés pour cette belle aventure.

Venant de toutes les régions de France, animés par un même intérêt pour l’Évangile, pour « l’Église en sortie » chère à notre Pape François, nous nous sommes retrouvés pour prier, célébrer, partager, dialoguer grâce à des ateliers, des tables rondes, des interventions. Il est vrai que le monde rural fait face à de nombreuses difficultés, l’Église s’en ressent mais voit aussi des initiatives naître pour développer des liens de fraternité, pour accueillir ceux qui sont en marge de la communauté et témoigner de l’amour du Christ dans les campagnes, c’est ce que nous allons essayer de vous faire partager. 

Nous avons souhaité nous répartir dans les différentes tables rondes et ateliers pour pouvoir ensuite partager le plus d’apports possible.

Intitulé de la table ronde que je veux vous faire partager : Annonce de l’Évangile et dynamisme des Communautés chrétiennes .En quelques lignes, difficile pourtant de synthétiser, –

L’avenir des communautés paroissiales en rural : plus de prêtres – plus d’Église, d’où la volonté de mettre une présence ecclésiale par petites communautés, nous sommes tous par la grâce du  baptême, prêtre, prophète et roi, nous pouvons donc à plusieurs faire vivre notre communauté. Que chaque baptisé prenne conscience qu’il est missionnaire par son baptême, que chaque chrétien se sente responsable de faire connaître le Christ à son environnement proche, et que chaque paroisse devienne une paroisse missionnaire. Plusieurs exemples nous sont donnés, réalisation par tout le village de la crèche de Noël, partage de la parole en petits groupes, soucis des plus fragiles. Les laïcs apprennent à se prendre en charge

Essayer de vivre une fraternité qui rayonne, essayer de vitaliser les missions locales avec les chrétiens, on va les uns vers les autres, ce qui permet de se dynamiser mutuellement. Aller en mission sans les autres, c’est superficiel. Dans les villages, ouvrir les églises pour les faire vivre, les rendre agréables, les fleurir, profiter des fêtes locales et des Saints patrons.

Rien de bien nouveau direz-vous, mais attention au « terrain conquis », ne pas vouloir imposer sa volonté, ses choix, il faudra savoir faire goûter la joie de la fraternité, car sans fraternité notre église, nos projets, nos actions ne peuvent avancer. La fraternité entre prêtres, la fraternité entre prêtres et laïcs, la fraternité entre laïcs est essentielle. Le Christ est la tête, nous sommes son corps et pour être dans la mission ce corps doit s’aimer, ce n’est pas négociable.

Quelques mots sur l’enseignement du Père Bruno-Marie Duffé :

Le thème : l’avenir de la Terre et l’inquiétude de ses habitants.

Ce que nous vivons, en lien avec ce que nous croyons et nous espérons appelle à des décisions très difficiles à mettre en place. L’avenir nous concerne, sœurs et frères de l’avenir, mais aussi sœurs et frères de l’inquiétude.

Un défi écologique : retrouver la capacité de regarder de prendre soin. Nous sommes soigneurs de la maison commune. Besoin vital de se rencontrer, de penser, d’espérer, de comprendre, d’écouter, de marcher ensemble. Mais surtout vivre ce que l’on croit et dit. Expérimenter le : « j’ai besoin de toi » oser dire, oser parler, nous ne sommes pas des « catastrophiques » mais des hommes de l’Espérance.

Avec Laudato Si, le pape François propose au monde un horizon de conversion écologique qui nécessite d’abord une conversion de notre rapport à la création. La question du sens est donc essentielle : le sens de nos actions, de nos modes de vie, de notre existence sur notre terre. « Comment écouter la clameur de la Terre (Laudato SiI 49).

Pour nous « le plus est toujours le mieux » et le manque comme « un moins ». Les deux critères majeurs de l’appropriation et de l’instrumentalisation ont conduit à l’épuisement. L’avenir sera donc au partage et à la sobriété ou… à la mort.

L’écologie est la recherche d’une autre santé de notre économie et de notre communauté humaine. Le bon équilibre, le silence, puis vient alors la parole. Résister à l’inquiétude et oser parler d’espérance. Consentir à un moins, qui soit un plus. Relier les petits gestes et les grandes décisions (le symbole du colibri).

Le développement : une idée essentielle qui nous a échappé : « toujours plus » une idée plus ou moins inconsciente de l’illimité. Pourquoi ce développement nous a-t-il échappé : parce que nos parents ont connu le manque, et nous le plus.

Ce que nous pensons aujourd’hui, un temps s’achève et un temps nouveau s’ouvre. Le temps de la réduction utilisatrice des choses et des êtres, épuisement de la Terre. La responsabilité citoyenne et l’enjeu d’un nécessaire dialogue, oser dire ce que nous croyons et oser vivre ce que nous disons.

Plusieurs points importants : la dignité, la responsabilité, ce qui nous fait grandir (le bien commun) prendre soin des plus pauvres.

Écologie intégrale : besoin d’une économie écologique et une écologie politique (Laudato Si 141). Aller vers une réconciliation entre écologie et économie, le caractère dominant d’une écologie politique.

Ce que nous pensons aujourd’hui : nos communautés ne vivent vraiment la fraternité que lorsque la fraternité précède l’organisation et la gestion.

Innover :   un autre paradigme (108) : redécouverte de la mémoire des personnes et des lieux – considération du prendre soin – visée de l’avenir – l’expérience de la solidarité, l’écoute, la bienveillance, le choix de la sobriété – reconnaître le bien commun – vivre moins pour vivre plus – l’avenir est au partage.

Le témoignage de Sylvianne

Impressions générales : excellentes organisation, groupe de bénévoles au top, animation des messes très bien, beau moment de fraternité de manière générale, beaucoup d’échanges avec des gens ouverts et intéressés, interventions de qualité et accessibles au commun des catholiques, évêques=serviteurs.

Un point négatif : ne pas avoir pu assister à plus d’ateliers. Peut-être pourrait-on chacun faire un petit topo des ateliers auxquels nous avons assisté, pour que les autres en profitent aussi.
Ce que je retiens: des gens pour la plupart modestes et à la base de projets à petite échelles, qui incluent souvent m’a-t-il semblé, mais à vérifier, des non-croyants.

Des pistes pour l’avenir : peut-être tout simplement continuer à faire ce qu’on fait déjà (visites aux malades, tables ouvertes paroissiales, préparation de belles célébrations, écoles de prières, etc), mais avec plus de CONFIANCE et d’HUMILITE.

Le témoignage de Mgr Benoît Bertrand, évêque de Mende

Nous avons attendu deux ans pour que le Rassemblement Terres d’Espérance voit le jour ! Avec la crise Covid, notre attente a creusé notre désir de nous retrouver pour partager ensemble sur l’annonce de l’Évangile dans nos diocèses ruraux français.
La petite délégation lozérienne a pris le temps, dans la voiture au retour de cet événement lumineux et joyeux, de relire ces 48 heures.

Je retiens, quant à moi, la nécessaire fraternité qui devrait être un signe de crédibilité de la vie évangélique de nos communautés. Mais aussi, l’appel à vivre, toujours davantage, la proximité comme le signe d’un amour gratuit de Dieu qui se donne sans jamais s’imposer.
J’ai aussi été touché par la beauté des temps de prière, la qualité de la convivialité permettant les rencontres, les tables rondes -en particulier celle sur l’annonce de l’Évangile et l’agriculture…

Terres d’Espérance a réuni des acteurs fort divers de la vie de notre Église dans le monde rural. Une telle initiative aurait sans doute été impossible il y a quelques années ! Nous avons été les témoins édifiés d’une Église créatrice pour la mission et la Gloire de Dieu.

Merci Seigneur, tu es le Dieu des villes et des campagnes !

Le témoignage de Sylvette

Il s’est fait attendre, nous l’avons imaginé, espéré… L’évènement « Terres d’espérance » a été au-delà de toute attende et nous l’avons savouré sans modération. Tout était si bien pensé, organisé, structuré, simple et vrai. La diversité de notre Église rurale, avec ses fragilités, préoccupations mais aussi ses richesses et aspirations, s’est découverte dans la joie et la fraternité tout au long des carrefours, ateliers, exposés, interventions, spectacles, veillées, temps de louange, adoration, messes… sans oublier le temps des repas et les pauses gustatives autour de tables proposant les spécialités des quatre coins de France (avec une pointe italienne). 

Ce que je retiens : c’est grâce à l’espérance puisée au cœur de l’Évangile que nous devons et pourrons faire face aux défis actuels, en toute humanité, humilité ; nous ne pouvons rien sans l’autre et l’Autre. Il nous faut sauvegarder la création pour sauver l’Homme : « Tout est lié ».

Petites phrases de Mgr Bruno-Marie Duffé :

  • « Rechercher l’essentiel avant l’important. »
  • « Vivre ce que l’on croit, vivre ce que l’on dit. »
  • « Le fondement c’est le silence au cours duquel vient la parole. J’écoute la nature, j’écoute l’autre. »
  • « Résister à l’inquiétude et oser l’espérance. Lier les petits gestes et les grandes décisions. »

De passage dans l’atelier « Agriculture – filière canard/foie gras » :

« Comment construire des solidarités entre agriculteurs dans un monde dominé par l’intérêt individuel et la performance ?

Comment accompagner les difficultés ? Quels fruits de cette solidarité ? Quel regard de chrétiens ? »

L’intervenante, après nous avoir fait prendre conscience des énormes difficultés pour gérer le problème de la grippe aviaire afin de maintenir les élevages, témoigne de sa foi qui et nous fait découvrir le Notre Père de « l’Autre Côté » et je ne résiste pas à vous le partager :

Mon fils/ma fille, qui es sur la terre,
Fais que ta vie soit le meilleur reflet de mon Nom.
Engage-toi pour mon Règne à chaque pas que tu fais,
Dans chaque décision que tu prends,
Dans chaque attitude et chaque geste.
Construis-le pour moi et avec moi.
C’est là ma volonté sur la terre comme au ciel.
Reçois le pain de chaque jour,
Conscient que c’est un privilège et un miracle.
Je pardonne tes erreurs, tes chutes, tes abandons,
Mais fais de même face à la fragilité de tes frères.
Lutte pour plus de justice et de paix
Et je serai à tes côtés.
N’aie pas peur :
Le mal n’aura pas le dernier mot.
Amen.

(Traduit d’après José Maria Rodriguez Olaizola s.j., Revue Jesuitas, Primavera 2017, p. 9)

Le témoignage de Mireille

Tout est lié

Que retenir de ce Rassemblement ?
Tout d’abord, un lieu paisible entouré de verdure et de fleurs, une organisation hors pair grâce à de nombreux bénévoles qui vous accueillent le sourire aux lèvres. L’atmosphère est chaleureuse et amicale. Cinq cents participants venant du monde rural échangeront ensemble dans un esprit d’humilité, de fraternité et de bienveillance.

Dans un premier temps, dès les valises posées, on se presse dans le Sanctuaire pour écouter la plénière d’ouverture dont le sujet est : « Paroles d’Espérance par trois évêques ». Nous écoutons Mgr Habert (Bayeux-Lisieux), Mgr Nault (Nice) et Mgr Le Boulc’h (Coutances-Avranches) nous parler d’Espérance en approfondissant les trois encycliques du Pape François : « Laudato sì », « Fratelli Tutti » et Evangilii Gaudium ».
Tout est lié ! Si nous prenons soin de la Création qui nous a été confiée, nous ferons également attention à nos frères et tout cela nous apportera la joie, celle décrite dans l’Évangile. Chaque encyclique est résumée, discutée par les trois évêques : l’échange est de qualité et retient notre attention. Les deux heures filent à une vitesse !!!

Dans un second temps, la nourriture du corps suit celle de l’intellect. Pour le dîner, on nous demande de nous asseoir à côté d’une personne que nous ne connaissons pas. Aller vers de « nouveaux visages », un défi ? C’est ce qu’il faut pour mieux se connaître et échanger. Je me suis prêtée à ce « jeu » et j’ai fait la connaissance de personnes consacrées ou pas qui vivaient « Laudato sì » de façon différente et passionnante.
Très belles rencontres !!!
La soirée se termine en assistant au spectacle « Au commencement, le vert était dans la pomme ». C’est « Laudato sì », librement adapté par deux comédiens de talent. On parle d’écologie, de la création, de sa protection des dérives de la société de consommation, du bien commun et d’Espérance. C’est interactif, drôle, émouvant. Ce spectacle interpelle notre conscience. Quels gestes devons-nous poser afin de protéger la Création pour le bien de tous ? À méditer…

Le deuxième jour, un programme chargé nous attend. Deux tables rondes à retenir et trois ateliers à choisir. Choix très difficile car les sujets sont multiples et variés.

Je vais à la table ronde intitulée « Annoncer l’Évangile et sauvegarde de la création ».
Belle discussion entre les intervenants. L’encyclique « Laudato sì » est au cœur des discussions. On énumère les six chapitres :

  • Le désordre écologique
  • Le regard sur la beauté de la Création
  • Le péché humain à l’origine du désordre
  • L’écologie intégrale (« tout est lié »)
  • Le dialogue pour sauvegarder la création
  • Spiritualité et éducation

On mentionne l’appel à la sobriété, à la pauvreté, on parle de « conversion écologique ». Que signifie le bien commun ?
Expériences citées :

  • L’éco-hameau
  • Programme d’écologie intégrale (jardin et permaculture)
  • Leadership écologique où l’on tient compte des données environnementales et sociales
  • Joie de partager avec « l’autre »
  • Dialogue avec des mouvements non-chrétiens (le mouvement colibri de Pierre Rabhi).

La deuxième table ronde que j’ai choisie traite des « périphéries spirituelles.
En ce moment, il existe une soif spirituelle grandissante que l’on retrouve aussi dans les régions rurales. On se tourne alors vers la gnose, l’ésotérisme, l’occultisme… « La France est redevenue païenne », nous dit Natalia Trouiller, auteur du livre Sortir !.
De nouvelles pratiques apparaissent : New Age, chamanisme, reiki, magnétisme. Tous ces nouveaux courants sont centrés sur l’expérience, le ressenti de la personne. Appel à la prudence !! Comment décentrer vers la communauté ? Comment leur faire découvrir le Christ ?

Après le déjeuner, on enchaîne avec les ateliers.

Atelier 1 : sensibiliser aux enjeux climatiques.
On apprend que le français consomme 10 tonnes de CO2. Or, si on veut baisser la température de 2°C, on devrait diminuer notre consommation à 2 tonnes d’ici 2050…
Pour nous aider, un petit jeu appelé « la fresque du climat ». Grosso modo, nous pouvons changer nos comportements au niveau :

  • du transport (éviter l’avion)
  • de la consommation (ie : achat de vêtements)
  • de l’alimentation (préférer les légumes et les fruits et diminuer viandes et poissons)
  • du logement (perte d’énergie due à l’isolation insuffisante des maisons/ appartements)

Atelier 2 : Imaginer des modes nouveaux de pratiques religieuses (avec l’exemple des chemins de traverse paroissiaux dans le Berry)

Présentation d’un projet original : celui d’un curé qui parcourt sa paroisse avec son âne. Le lien de la rencontre est le but visé. Au cours de ces randonnées, on prie, on marche, on partage un repas, on invite des voisins chrétiens ou pas, on dit la messe, on échange et cela peut se terminer par un dîner tous ensemble.
On crée des occasions :

  • L’anniversaire de l’âne,
  • Dire la messe pour les défunts de la commune,
  • Marcher sur le sentier des chapelles.

Quatorze villages ont été parcourus en 5 ans. Une belle réussite fraternelle et conviviale !

Atelier 3 : Les coopérations horizontales: un projet de méthanisation à Vire.

Description d’un grand projet de méthanisation englobant 70 exploitations agricoles et impliquant la Chambre d’agriculture. Un investissement colossal de 11 millions d’euros. Ce projet profite avant tout aux agriculteurs. La valeur ajoutée se fait en favorisant les entreprises locales. On parle ici d’économie circulaire.

Avant le dîner, une plénière se déroule au Sanctuaire par Mgr Bruno-Marie Duffé sur le thème : « Relecture des journées Terres d’Espérance à la lumière de « Laudato sì ».
Excellente présentation où l’on aborde entre autres :

  • Le temps de la conversion
  • La solidarité (écouter la clameur de la Terre et celle des pauvres)
  • La question de « la limite »: le + est considéré comme le mieux et le – comme un manque)
  • L’instrumentalisation de la terre
  • La culture de la rencontre, du dialogue et du partage
  • L’écologie intégrale (encore une fois, tout est lié !! Aucun être vivant ne vit isolé)
  • Un autre modèle est proposé : innover. Le rôle de la mémoire, écouter les anciens.
  • Solidarité et bienveillance
  • Le choix de la sobriété

Le rythme soutenu de la journée s’apaise en soirée lorsque nous assistons à une veillée de louange, de prières et de chants suivie par l’adoration eucharistique. Temps plus que précieux, pause bienvenue où l’on remercie Dieu en silence….

Dimanche, dernier jour du Rassemblement, Sr Joëlle Ferry donne une conférence pleine d’érudition sur « l’Eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne ». Les thèmes abordés sont les suivants :

  • L’Eucharistie est louange
  • L’Eucharistie est action de grâce
  • L’Eucharistie est le don de la vie du Christ
  • L’Eucharistie est missionnaire.

Une messe clôt ce Rassemblement regroupant tous les évêques, les prêtres, les diacres et les 500 participants. Les chants et l’animation par les WEMPS nous ont comblés de joie et d’espérance.

Allons vite porter ces belles initiatives missionnaires à nos frères et sœurs !!!

Le témoignage de Philippe

J’ai découvert d’abord Châteauneuf-de-Galaure, foyer de charité très important avec une grande basilique, mais sans aucune « dérive » commerciale.

Nous avons été accueillis en toute simplicité et tout au long du séjour, la convivialité et la gentillesse étaient au rendez-vous. Lors des repas en particulier il était proposé de se « mélanger » afin de faire connaissance.

Le vendredi soir j’ai revu avec plaisir le spectacle: « Au commencement, le vert était dans la pomme ». Une bonne mise en perspective des problèmes écologiques par rapport à l’Espérance chrétienne.

J’ai participé à une première table ronde : « Annonce de l’Evangile et vie des territoires ruraux ».

J’ai été impressionné par la fouge et la foi rayonante d’un des intervenants. Quelques éléments qui m’ont particulièrement parlé :

  • – Nous sommes dans une mutation globale, c’est le moment de toutes les opportunités !
  • Au fond, il y a un besoin de reconnaissance, de lien, de sens; et ça passe par la proximité.
  • Ne pas vouloir tout faire, savoir arrêter des choses.
  • Les paroisses sont différentes, il n’y a plus un seul modèle identique pour tous.
  • Écrire un projet de territoire par rapport à Laudato si.
  • Il faut être en lien avec les non-chrétiens pour être missionnaire.
  • Pour palier à la perte du tissu social, il faut faire des projets qui vont retisser du lien.

La deuxième table ronde à laquelle j’ai participé : « Annonce de l’Évangile et périphéries spirituelles ».

Les trois intervenants incarnaient trois points de vue différents et complémentaires.

– L’évêque de Pamiers, Mgr Jean-Marc Eychenne, a fait ressortir qu’il y a aujourd’hui une recherche d’expérience spirituelle et qu’il ne faut pas « passer à côté ». Il nous a renvoyé à la parole de l’Évangile : « celui qui n’est pas contre nous est pour nous » et à son contexte.

– Nathalia Trouiller, auteur du livre Sortir nous a mis en garde avec beaucoup d’insistance sur la résurgence de la gnose à travers les magnétiseurs,les guérisseurs, les chakras, la lithothérapie, la kinésiologie, l’ennéagramme, l’anthroposophie, etc.

Cela la fait « râler » de voir apparaître dans l’Église certaines de ces « choses » et de constater la complète ignorance de leurs origines.

Elle a fait référence à la publication déjà ancienne venant de Rome Jésus Christ porteur d’eau vive qui liste très précisément ces pratiques.

La gnose, l’ésotérisme, l’occultisme se fondent sur des choses cachées qui sont révélées progressivement. Il y a survalorisation de l’esprit et mépris du corps.

– Le troisième intervenant témoignait de son parcours : il a été dans la recherche spirituelle qui l’a amené à pratiquer des guérisons en ayant « rencontré » un esprit qu’il qualifierait aujourd’hui de démon.
Cela a été très progressif. Au départ il ne savait pas où cela allait l’amener, et il a été jusqu’à l’hôpital psychiatrique.
Après une prière de délivrance, il a été baptisé et est entré dans l’Église catholique.

Ce que j’ai retenu :

– Il ne faut pas être « naïf ». Ces choses-là existent et il vaux sûrement mieux se documenter à ce sujet. Par contre, il ne faut pas en avoir peur et savoir être très proches des gens qui sont en recherche de spiritualité à travers elles. Savoir leur dire que le Christ les libérera alors que les esprits vers lesquels ils se tournent, vont les enchaîner.

– Quelques paroles : la France n’est pas athée, elle est païenne ; nous vivons l’époque la plus gnostique depuis le deuxième siècle.

Ensuite, j’ai participé à trois ateliers (mais il y en avait tant !).

Le premier était sur les talents et les charismes, animé par Talenthéo

J’y suis allé un peu par curiosité personnelle car je savais qu’ils étaient intervenus en Lozère et je voulais en savoir plus.

Leur « slogan »: Mieux se connaître pour mieux servir.

Ce que j’ai retenu :

  • Nous avons tous au moins un charisme !
  • C’est une formation assez « technique », et il faut « rentrer comme il faut dedans ».
  • Par contre cette formation s’appuie autant sur l’Évangile que sur des technique de coaching.

Le deuxième atelier : « Quand l’Église accompagne les agriculteurs »

C’était organisé par les « journées paysannes ». J’avais entendu parler de ce mouvement et j’avais envie d’en savoir plus.

Leur « slogan »: La terre au cœur, le cœur au ciel.

C’est avant tout un réseau d’amitié, de personnes qui ont le respect de la création, du sol, des animaux. Je pensais le mouvement un peu « vieux » et les présentateurs n’étaient pas là pour prouver le contraire ; mais il y avait pas mal de « jeunes » dans l’assistance et il y en a de plus en plus au sein de leur mouvement.

Je n’ai pas encore eu le temps de me plonger dans leur bulletin de liaison, mais ça ma donné envie d’aller voir leur rassemblement national ou régional.

Le troisième atelier : « L’Église comme actrice de la sensibilité à l’écologie », organisé par l’association « Qu’est ce qu’on attend ».

Description des actions d’une asso qui fait des actions « écolos » mais qui est aussi en lien avec d’autres associations qui s’occupent de « pauvres ».

J’ai retenu :

  • Pour les « écolos » il n’y a rien de nouveau dans Laudato si.
  • L’étincelle de Laudato si est retombée.
  • Tous les chrétiens sont conviés (par rapport à Laudato si).
  • C’est une question de crédibilité pour notre Église.

Enfin nous avons eu la plénière : « L‘avenir de la terre et l’inquiétude de ses habitants ».

Quelques bribes :

  • A travers les crises (sanitaires, écologique…) on va vers la disharmonie.
  • Les crises nous apprennent que nous ne savons pas poser des limites ; nous allons vers l’épuisement.
  • L’avenir est au partage ou à la mort.
  • Il nous faut passer d’une idée à une conversion.
  • Le développement est une idée essentielle qui nous a échappé.
  • Intégrale veut dire compréhension des interactions.
  • Il faut réconcilier l’économie et l’écologie.
  • Il faut innover : un autre paradigme est possible !

Le soir, nous avons eu droit à une veillée magnifique, priante, avec une chorale et des musiciens qui nous ont accompagés dans des chants aux paroles fortes, et une gestion parfaite du temps ; du silence, du chant, de la prière partagée. J’arrête là mais j’en referais bien volontier une autre !

Le lendemain pour finir, nous avons eu droit à un exposé sur l’eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne.

L’eucharistie n’est pas seulement l’hostie au moment de la messe ; c’est aussi le Christ qui se donne à nous tout au long de nos journées et de votre vie. Enfin, c’était beaucoup plus développé que ça !

En conclusion, trois jours très riches et aucune tension perceptible malgré les 500 participants au profils très variés. Une organisation très efficace, qui avait mis la convivialité et l’échange en premier.

Et les « représentants » de la Lozère qui ont été à l’unisson !