A Dieu, père Jean Barlet

Jean est né à Saint Amans, le 23 juin 1928. Il s’en va donc à 94 ans, ou presque.

Il avait été ordonné prêtre dans la cathédrale de Mende, le 7 mai 1953. Ceux qui l’ont connu de plus près, dans le pays de Grandrieu ou à Mende,  se souviennent de lui comme d’un prêtre pour qui la marche était une seconde nature. Car ils le voyaient souvent  sur les chemins de ces paroisses, allant visiter les paroissiens à pied,  et ressourçant, par ces marches,  sa santé, son allant,  et sa bonne humeur, et sans doute sa foi.  

Constatons  à ce propos, que les ministères dont il a reçu la charge  l’ont conduit, eux aussi, sur des chemins divers.

Au sortir du séminaire il fut nommé Missionnaire diocésain. Il s’intégra donc à l’équipe de six prêtres qui avaient pour tâche d’animer des Missions paroissiales : une mission, c’était quinze jours de recyclage paroissial ; de re-évangélisation donc et de visitations. Et chaque paroisse trouvait adéquat de proposer une mission tous les cinq ans. Jean fit cela pendant douze années.

Mais en 1965, il lui fut demandé de rejoindre les quatre prêtres Lozériens qui faisaient fonctionner, particulièrement sur le plan aumônerie, le lycée parisien  N. D. de Boulogne. Il y fut pendant sept ans.

Car en 1972,  il fut appelé par le Diocèse aux armées. Un de ses amis, prêtre de Mende aussi, lui avait préparé une place dans l’aumônerie militaire. Il s’est dévoué à ce ministère pendant quinze ans : d’abord à l’École de Sous-officier d’Issoire, puis en Allemagne, à Baden-Baden, enfin à l’Ecole des Officiers de Montpellier.

Revenu en Lozère en 1986, il fut envoyé au secteur de Grandrieu, chargé plus particulièrement des Paroisses du Chambon et de St-Symphorien.

Dans tous ces ministères, soulignons-le,  Jean a été heureux. Naturellement généreux, décontracté dans ses relations, fidèle à la prière, solide dans sa foi, il s’est épanoui là où il a travaillé.

Les quatre dernières semaines de sa vie ici-bas, Jean les a passées à l’hôpital de Mende. La parole lui étant devenue difficile, il a peu parlé à ses visiteurs. Mais il est un mot, une phrase, que l’on a pu cueillir sur ses lèvres, parfois en occitan  ‘Allons à la Maison !’   «  Eh bien, Jean, vendredi, à quelques heures de la fête de St Joseph, tu es parti à la Maison ; celle que la foi chrétienne regarde comme la vraie ; celle dont Jésus nous a dit avant d’entrer dans sa Pâque : ‘Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures, parce que je pars faire là votre place.’ » (Jean 14,2)

Témoignage du Père Léon Granier

Fin octobre 1989, je suis arrivé à Grandrieu à la demande du père Louis Barlet, alors vicaire général et administrateur du diocèse en l’absence d’évêque.

J’ai été accueilli à Grandrieu par Jean Barlet, son frère, arrivé sur le canton trois ans plus tôt. Il avait accepté d’être curé de Chambon-le-Château et Saint-Symphorien après diverses aumôneries.

Sa vitalité donnait espérance au cœur de ces ruraux au climat difficile et rude.

A mon arrivée, il avait déjà donné un élan de rassemblement en proposant la restauration des deux églises, en lien avec les deux municipalités, permettant à la population chrétienne d’œuvrer à la beauté de leur lieux de rassemblement religieux qui devenaient ainsi, actualité de leur vie. Ses mains et son cœur de rural donnaient l’exemple dans l’emploi des divers outils de maçon. Dans ces travaux, il ne manquait aucune occasion de stimuler tous les bénévoles et de les remercier à la clôture des 900 journées données.

Très vite, la population avait accueilli ce pasteur ouvert à toute personnes, qu’elle soit pratiquante ou non, de son bord politique ou non. C’était leur curé, très facile d’aller le rencontrer car son bureau était toujours ouvert.

Aucun malade ou personne âgée n’était oublié dans ses rencontres.

Quelle immense joie dans son cœur pour accompagner la préparation de Jean-Marie Hugony pour devenir diacre et pour que l’ordination soit magnifique une fête de croyants…

Avec Jean Barlet, une fête familiale locale n’était jamais surprise de sa visite chaleureuse. Sa silhouette de grand marcheur quotidien devenait familière et presque attendue dans tous les villages de ses paroisses, quel que soit le temps, n’ayant aucun recul devant le mauvais temps.

Sa facilité d’élocution, après longue préparation, sa ponctualité aussi, donnaient vie aux diverses cérémonies voulues participation et expression de foi de chaque chrétien.

Il partageait avec moi, à tour de rôle, la présence aux autres églises du canton et il était ainsi, le prêtre ouvert et connaisseur de quantité de personnes, encourageant les diverses activités organisées pour la catéchèse, les activités auprès des jeunes…

Ses conseils sollicités apportaient lumière et espérance…