Le Diocèse face aux crises
Les crises traversées par le diocèse au cours des siècles
Les guerres de religion au XVIe siècle
Battant de la cloche « La Non-Pareille », détruite par Merle en 1581 afin de fabriquer des canons. Il pèse 470 kg, mesure 2m 25 de haut et 1m 10 de circonférence.
Dès la fin du Moyen-Âge, les chrétiens se posent la question du Salut. Les pratiques religieuses ne leur apportent plus l’apaisement souhaité.
Le clergé n’a plus la confiance des fidèles. De plus, les défaillances morales ou l’ignorance de certains ecclésiastiques compromettent gravement l’influence qu’ils avaient jusqu’alors. Une nouvelle doctrine professée par Luther, puis par Calvin répond largement au désir d’une piété populaire, personnalisée, dénuée de toutes pratiques religieuses, jugées désuètes ou artificielles.
Dès 1530, le protestantisme s’implante en Gévaudan autour de deux pôles : les Cévennes et la Margeride. La réaction de l’autorité épiscopale ne se fait guère attendre et Mende devient un centre de reconquête. Des mesures de répression (dénonciations, procès, condamnations en effigie et exécutions sur le bûcher) s’abattent sur les « hérétiques ». Les communautés acquises à la Réforme organisent leur défense tandis que dans les paroisses catholiques on met à l’abri les biens les plus précieux. Dès le début des hostilités les possessions des ecclésiastiques constituent la cible des « Huguenots ». Mende, Chanac résidence épiscopale, les collégiales de Bédouès et Quézac, Le Malzieu, Chirac sont saccagés. Mathieu Merle, intendant du château de Peyre prend la tête des troupes protestantes après l’assassinat de son maître massacré à Paris lors de la Saint Barthélémy et il pille de nombreuses villes. Le diocèse est dévasté par ces guerres civiles.
Mende est prise par Mathieu Merle (25 décembre 1579). Marvejols est pillé par les troupes catholiques du duc de Joyeuse (13-22 août 1586). Dans un souci de paix, l’évêque de Mende, Adam de Heurteloup apporte son soutien à Henri de Navarre, le futur Henri IV et instaure une trêve annuelle de labourage pour permettre aux paysans d’ensemencer leurs terres.
Marvejols, la porte du Soubeyran XIVe siècle restaurée avec le soutien d’Henri IV. A proximité, sa statue, œuvre du sculpteur Emmanuel Auricoste (1954)
François de Langlade du Chayla, archiprêtre des Cévennes, inspecteur des missions catholiques (1647-1702) ; huile sur toile, musée de Mende
Les guerres de religion aux XVIIe et XVIIIe siècles
L’Édit de Nantes (1598) pacifie provisoirement le royaume. L’assassinat d’Henri IV (1610) inquiète les protestants qui se soulèvent avec le soutien d’une partie de la haute noblesse. Ils s’emparent de Meyrueis en 1629.
Peu à peu, sous le règne de Louis XIV, le pouvoir royal met en place une politique discriminatoire destinée à exclure les protestants de certaines fonctions. Elle est inefficace tout comme les prédications face aux cévenols attachés à leur religion. Les destructions des temples protestants ordonnées par le roi annoncent les violences qui vont accompagner la Révocation de l’Édit de Nantes (1685).
Ce texte interdit le culte protestant, expulse les pasteurs hors du royaume et défend aux fidèles de quitter la France sous peine des galères et de la confiscation des biens pour les hommes et l’emprisonnement pour les femmes. Environ 200 000 protestants s’expatrient et ceux qui n’ont pas les moyens matériels de partir, vivent leur foi autour des prédicants et des prophètes. Malgré l’acharnement des autorités la majorité des protestants conserve leur foi.
L’abbé du Chayla, envoyé dans les Cévennes pour lutter contre le protestantisme est assassiné le 24 juillet 1702. La résistance des protestants devient une guérilla contre les troupes royales : les camisards multiplient les embuscades, tandis que la répression est terrible : emprisonnement, galères, exécutions.
Après 1710 (fin de la guerre des camisards) les esprits s’apaisent et les églises protestantes se structurent mais les persécutions tardent à disparaître. L’Édit de 1787 dit « de Tolérance » permet aux protestants d’être enregistrés à l’état civil. Seule la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen reconnaît la liberté de conscience (26 août 1789).
Les relations avec l’État (1801-1919)
L’épiscopat de Mgr Chabot (1802-1805)
Le Concordat de 1801 signé entre le pape Pie VII et Bonaparte a pour but essentiel d’apaiser les tensions au sein des catholiques. Grâce à l’intervention du ministre de l’Intérieur le lozérien Chaptal, le diocèse de Mende est maintenu. De plus, il s’agrandit de l’ancien diocèse de Viviers (Ardèche). Le nouvel évêque Jean-Baptiste Chabot arrive à Mende avec son ami le Père Marie-Joseph Coudrin qui installe dans l’ancien couvent des Ursulines la Congrégation des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie avec pour missions essentielles : l’adoration perpétuelle et l’éducation des jeunes filles pauvres. C’est la naissance du couvent de l’Adoration. Des tensions isolent les deux ecclésiastiques qui agissent sans concertation avec les autorités et les notables. Ils sont contraints de quitter le diocèse (1805).
Les épiscopats de Mgr Morel de Mons (1805-1821)
et de Mgr Brulley de la Brunière (1821-1848)
De nombreuses églises qui avaient souffert des troubles révolutionnaires sont restaurées. De nouvelles cures sont établies dans les Cévennes. Le clergé jouit d’un grand prestige. Le nombre des vocations commencent à croître (72 en 1820). Les missions qui se développent sont à l’origine de nombreuses œuvres (11 octobre 1820 fondation de la congrégation de la Providence). L’essor des pèlerinages, les érections de croix, l’enseignement du catéchisme suscitent des vocations religieuses.
Les tensions avec l’État républicain (1876-1914)
La IIIe République s’oppose à l’enseignement congréganiste, fustige les prises de position de l’Église dans les campagnes électorales, perturbe les processions. Deux parlementaires défendent l’Église : Paulin Daudé (1862-1928) et Emmanuel de Las Cases (1854-1934). L’application difficile de la loi sur la séparation des Églises et de l’État (9 décembre 1905) suivie par la circulaire du 2 janvier 1906, prescrivant les inventaires des lieux de culte, suscite de la part des catholiques, qui y voient une spoliation, de violentes oppositions. Les tensions sont très vives à Mende entre Mgr Gély (1906-1929) et le maire de Mende (1904-1908) lequel fait interdire les processions mais doit accepter de voir se rassembler des milliers de pèlerins à l’ermitage de saint Privat le 10 juin 1906. Les relations ne s’apaisent que lors du premier conflit mondial dans le cadre de l’union sacrée.